Login Logout

Howto Postfix

Postfix est serveur SMTP libre et populaire sous GNU/Linux et BSD. Il a été développé en 1999 par Wietse Venema comme une alternative plus facile à administrer et plus sécurisée que l’historique Sendmail.

Installation

# apt install postfix

# postconf -d | grep ^mail_version
mail_version = 2.11.3

Configuration

Postfix s’appuie principalement sur le fichier /etc/postfix/master.cf (configuration des process de Postfix) et le fichier /etc/postfix/main.cf (configuration des options).

L’utilitaire postconf permet de lister/vérifier les options du main.cf.

## Vérifier la validité de la configuration (check conf)
# postconf >/dev/null

## Lister les options par défaut
# postconf -d

## Lister les options actuelles
# postconf

## Lister les options modifiées par rapport au défaut
# postconf -n

## Manpage très détaillée sur toutes les options disponibles
# man 5 postconf

Configuration minimale

Pour une configuration minimale, nous conseillons d’avoir le fichier main.cf suivant en ajustant le paramètre myhostname avec un enregistrement DNS existant pointant vers le serveur concerné :

smtpd_banner = $myhostname ESMTP mail server
biff = no
append_dot_mydomain = no
myhostname = hosting.example.com
alias_maps = hash:/etc/aliases
alias_database = hash:/etc/aliases
myorigin = $myhostname
mydestination = $myhostname localhost.localdomain localhost localhost.$mydomain
relayhost =
mynetworks = 127.0.0.0/8
mailbox_size_limit = 0
recipient_delimiter = +
inet_interfaces = all
inet_protocols = ipv4
disable_vrfy_command = yes
smtpd_relay_restrictions = permit_mynetworks permit_sasl_authenticated defer_unauth_destination
smtp_tls_security_level = may
smtp_tls_mandatory_protocols=!SSLv2,!SSLv3
smtp_tls_protocols=!SSLv2,!SSLv3
smtp_tls_session_cache_database = btree:${data_directory}/smtp_scache
smtp_tls_loglevel = 1

Configuration minimale pour serveur web

N.B. : cette configuration complète la configuration minimale donnée plus haut.

Un serveur web va souvent envoyer des emails, et notamment vers des fournisseurs d’accès connus (gmail.com, orange.fr, etc.). On conseille donc d’ajouter les options suivantes dans main.cf pour gérer le rythme d’envoi :

#delay_warning_time = 4h
minimal_backoff_time = 15m
maximal_backoff_time = 6h
maximal_queue_lifetime = 4d
queue_run_delay = 100s
bounce_queue_lifetime = 1d

initial_destination_concurrency = 5
default_destination_concurrency_limit = 20

slow_destination_rate_delay = 0
slow_destination_concurrency_limit = 1
slow_destination_concurrency_failed_cohort_limit = 100
slow_destination_recipient_limit = 25

transport_maps = hash:$config_directory/transport

et on ajoute la ligne suivante dans master.cf :

slow      unix     -       -       n       -       -    smtp -o syslog_name=postfix-slow

Il faut également créer le fichier /etc/postfix/transport et indiquer des domaines vers lesquels le rythme d’envoi sera plus lent (à cause de restrictions de leur côté) :

orange.fr slow:
wanadoo.fr slow:
voila.fr slow:
laposte.net slow:

On fera ensuite :

# postmap /etc/postfix/transport
# systemctl restart postfix

On peut ensuite vérifier que la configuration est bien prise en compte en regardant dans les logs de Postfix. On doit pouvoir observer des processus « postfix-slow » pour tous les domaines concernés.

Configuration avancée pour serveur de messagerie

Voir HowtoMail/Postfix

SSL/TLS

http://www.postfix.org/TLS_README.html

Activation SSL/TLS au niveau serveur SMTP (smtpd)

Activer SSL/TLS au niveau serveur SMTP permet la réception d’emails depuis des clients SMTP capables d’envoyer en SSL/TLS.

Il faut générer une clé privée et un certificat, voir HowtoSSL. On peut ensuite activer via le fichier /etc/postfix/main.cf :

smtpd_tls_security_level = may
smtpd_tls_mandatory_protocols=!SSLv2,!SSLv3
smtpd_tls_protocols=!SSLv2,!SSLv3
smtpd_tls_session_cache_database = btree:${data_directory}/smtpd_scache
smtpd_tls_loglevel = 1
smtpd_tls_key_file = /etc/ssl/private/smtp.example.com.key
smtpd_tls_cert_file = /etc/ssl/certs/smtp.example.com.crt
smtpd_tls_CAfile = /etc/ssl/certs/GandiStandardSSLCA2.pem

Note 1 : la désactivation des protocoles SSLv2 et SSLv3 est désormais par défaut, mais on préfère garder cette option

Note 2 : Pour Debian 7 et 8, on conseille d’ajouter également :

smtpd_tls_mandatory_exclude_ciphers = ECDHE-RSA-RC4-SHA, RC4, aNULL
smtpd_tls_exclude_ciphers = ECDHE-RSA-RC4-SHA, RC4, aNULL
smtpd_tls_mandatory_ciphers = medium

Pour l’envoi d’emails depuis des clients SMTP authentifiés (smtpd_sasl_auth_enable=yes), on active en général le port TCP/587 (appelé SMTP Submission) qui n’accepte que des connexions chiffrées (smtpd_tls_security_level=encrypt) et le port TCP/465 (appelé SMTPS) qui n’accepte que des connexions SMTP over TLS (smtpd_tls_wrappermode=yes). Ces activations se font en décommentant les lignes appropriées dans /etc/postfix/master.cf.

Dans le cas d’utilisation de Let’s Encrypt voici un exemple de config à utiliser :

smtpd_tls_key_file = /etc/letsencrypt/live/smtp.example.com/privkey.pem
smtpd_tls_cert_file = /etc/letsencrypt/live/smtp.example.com/fullchain.pem

On peut ensuite vérifier l’activation de SSL/TLS au niveau serveur en obtenant le message STARTTLS dans une session SMTP :

$ telnet bugs.debian.org 25
Trying 209.87.16.39...
Connected to bugs.debian.org.
Escape character is '^]'.
220 buxtehude.debian.org
EHLO example.com
250-buxtehude.debian.org Hello example.com [80.12.63.254]
250-SIZE 104857600
250-8BITMIME
250-STARTTLS
250 HELP
QUIT
221 buxtehude.debian.org closing connection
Connection closed by foreign host.

On peut également utiliser une connexion chiffrée avec un serveur SMTP via la commande :

$ openssl s_client -CApath /etc/ssl/certs -connect smtp.example.com:25 -crlf -starttls smtp

Activation SSL/TLS au niveau client SMTP (smtp)

Activer SSL/TLS au niveau client SMTP permet d’envoyer des emails vers des serveurs SMTP capables de recevoir en SSL/TLS.

On conseille d’activer cela par défaut via le fichier /etc/postfix/main.cf :

smtp_tls_security_level = may
smtp_tls_mandatory_protocols=!SSLv2,!SSLv3
smtp_tls_protocols=!SSLv2,!SSLv3
smtp_tls_session_cache_database = btree:${data_directory}/smtp_scache
smtp_tls_loglevel = 1

Note : la désactivation des protocoles SSLv2 et SSLv3 est désormais par défaut, mais on préfère garder cette option

Administration

Logs

Postfix envoie une trace de ses actions à Syslog avec la facility LOG_MAIL. On retrouve donc les fichiers de journalisation définis dans le fichier /etc/rsyslog.conf :

mail.* -/var/log/mail.log
mail.info -/var/log/mail.info
mail.warn -/var/log/mail.warn
mail.err /var/log/mail.err

Note : ce sont les adresses email d’enveloppe affichées dans les logs Postfix

L’indication delays=a/b/c/d dans les logs est utile pour avoir des informations sur le temps d’envoi d’un mail :

a=time before queue manager, including message transmission;
b=time in queue manager;
c=connection setup time including DNS, HELO and TLS;
d=message transmission time.

File d’attente

Postfix utilise différentes files d’attente (ou queues). Les files d’attente principales sont incoming, active et deferred :

incoming : première étape pour tous les nouveaux messages (après un passage par cleanup)
active   : messages en cours de livraison (provenant principalement d'incoming ou deferred)
deferred : messages non délivrés lors du premier essai

Il existe aussi d’autres files d’attente, qui servent beaucoup moins fréquemment : corrupt (messages invalides) et hold (messages mis de côté).

Ces files d’attente sont des répertoires situés dans /var/spool/postfixdans lesquels chaque message est stocké dans un fichier (sur une seule ligne), avec une arborescence de 16 répertoires (0,1,2,3,4,5,6,7,8,9,A,B,C,D,E,F) pour optimiser lorsqu’un grand nombre de messages est dans une file d’attente. On peut gérer ces files d’attente grâce à des commandes d’administration.

Lecture et analyse de la file d’attente

mailq (ou sendmail -bp) liste toutes les files d’attente. Cela nous donne pour chaque message :

  • Queue ID
  • Taille du message
  • Date d’arrivée dans la file d’attente
  • Expéditeur
  • Éventuelle raison de non-livraison (entre parenthèses)
  • Destinataires(s)

Voici dans quel ordre sont listés les messages :

  • Messages de la queue active (une étoile figure à côté du Queue ID)
  • Messages de la queue deferred
  • Messages de la queue hold (un point d’exclamation figure à côté du queue ID)

Afficher le contenu d’un message :

# postcat -vq <queue_id>

Afficher seulement les mails IDs (utile pour les scripts) :

# mailq | sed -E -n 's/^([[:alnum:]]+)[[:blank:]].*/\1/gp'

Exemple d’usage :

keyword="blabla"
ids=$(mailq | sed -E -n 's/^([[:alnum:]]+)[[:blank:]].*/\1/gp')
for id in $ids; do
  mail_content=$()
  if postcat -q $id | grep -q $keyword; then
    echo "$id contains $keyword"
    # Faire quelque chose (voir la section suivante "Opérations sur la file d'attente")
  fi
done

Exclure les mails en cours d’envoi de l’affichage de la file d’attente :

# mailq | sed -E '/v[[:alnum:]]+\*[[:blank:]]/,+2d'

Compter le nombre d’e-mails par adresse expéditrice dans la mailq :

# mailq | awk '$1 ~ /^[0-9A-F]+$/ { a[$NF]++ } END { for (i in a) printf "%d %s\n", a[i], i }' | sort -n

Obtenir la liste les expéditeurs triés par ordre croissant du nombre d’e-mails en attente d’envoi :

# mailq | awk '/^[0-9A-F]+[*!]? /{a[$NF]++}END{for(i in a)print a[i],i | "sort -n"}'

Note : le BEGIN { RS = "" } est nécessaire car la sortie de mailq peut être sur plusieurs lignes, et le tr -d '*!' permet de ne pas prendre les messages en « hold ».

Lister les messages dans la file d’attente deffered :

# qshape deferred
                                       T  5 10 20 40 80 160 320 640 1280 1280+
                                  TOTAL 78  0  0  0  0  1   0   0   0    0    77
                               gmail.fr 11  0  0  0  0  0   0   0   0    0    11
                              homail.fr  3  0  0  0  0  0   0   0   0    0     3
                                yaoo.fr  2  0  0  0  0  0   0   0   0    0     2
                               yahou.fr  2  0  0  0  0  0   0   0   0    0     2
                               oange.fr  2  0  0  0  0  0   0   0   0    0     2
                              hotmai.fr  2  0  0  0  0  0   0   0   0    0     2
                              wanado.fr  2  0  0  0  0  0   0   0   0    0     2
                              orangr.fr  1  0  0  0  0  0   0   0   0    0     1
                              prange.fr  1  0  0  0  0  0   0   0   0    0     1
                              ornage.fr  1  0  0  0  0  0   0   0   0    0     1
# Affichage par sender
# qshape -s deferred

 Opérations sur la file d’attente

Suppressions :

## Supprimer un message (ou tous) des files d'attente :
# postsuper -d <queue_id>

## Supprimer tous les messages de la queue deferred
# postsuper -d ALL deferred

## Supprimer tous les messages des files d'attente :
# postsuper -d ALL
# mailq -q

/!\ Attention, postsuper -d ALL et mailq -q réactivent immédiatement l’ensemble des messages en file d’attente, il faut donc les utiliser avec modération, surtout sur les serveurs avec des files d’attentes chargées.

Divers :

## Libérer un message (ou tous) en « hold »
# postsuper -H <queue_id>
# postsuper -H ALL

# Refaire passer un message (ou tous) par les process de livraison
# postsuper -r <queue_id>
# postsuper -r ALL

## Purger des fichiers temporaires (en cas de crash par exemple)
# postsuper -p

## Réparer/vérifier l'arborescence des files d'attente
# postsuper -s

La commande postsuper -r est pratique dans les cas où l’on a modifié des alias ou des ré-écritures, elle va déposer les messages concerné dans la queue maildrop et lui attribuer un nouveau . Attention, cela ne va pas provoquer un envoi immédiat car le traitement des files d’attente est différé. Si l’on veut un ré-envoi immédiat d’un message :

Hold :

## Placer en « hold » un message (ou tous)
# postsuper -h <queue_id>
# postsuper -h ALL

## Placer en « hold » tous les messages de la queue deferred
# postsuper -h ALL deferred

Traitement par lot via un pré-filtrage avec Awk :

On pourra utiliser ces commandes sur des ensembles de messages via des scripts du type :

# mailq | tail -n +2 | awk 'BEGIN { RS = "" } /user@example\.com/ { print $1 }' | tr -d '*!' | postsuper -h -
# mailq | tail -n +2 | awk 'BEGIN { RS = "" } /example\.com/ { print $1 }' | tr -d '*!' | postsuper -d -

# mailq | awk '/^[0-9A-Z]+/&&/sender@example\.com$/{print $1}' | tr -d '*!' | postsuper -h -
# mailq | awk '/^[0-9A-Z]+/&&/example\.com$/{print $1}' | tr -d '*!' | postsuper -d -

# mailq > mailq.log ; for var in $(grep <from@example.com> mailq.log | cut -b '1-12'); do postsuper -d $var; done

## Supprimer les e-mails envoyés par someone@some.where
# mailq | awk '/^[0-9A-F]+[!*]? /&&/someone@some\.where$/{gsub("[!*]", "", $1); print $1 | "postsuper -d -"}'

## Supprimer les courriels envoyé vers @example.com
# mailq | tail -n +2 | awk 'BEGIN { RS = "" } /@example\.com$/ { r = $1; gsub(/[!*]/, "", r); print r }' | postsuper -d -

Supprimer les mails correspondant à ce type de ligne :

6B28125849     3039 Fri Sep 25 07:27:53  MAILER-DAEMON
(host mx2.foo.com[1.2.3.4] said: 452 Too many incoming emails for this account (in reply to RCPT TO command))
                                         mail.example.com

# mailq | awk '/^[0-9A-F]+/&&/MAILER-DAEMON$/{id=$1} /mail@example.com$/{print id}' | postsuper -d -

Notifications

Postfix envoie des notifications à ajuster avec l’option notify_classes.

On peut ainsi ajuster cette option ainsi :

notify_classes = resource, software, bounce, 2bounce, delay
delay_notice_recipient = delay
error_notice_recipient = error
bounce_notice_recipient = bounce
2bounce_notice_recipient = 2bounce

Puis ajuster les alias via /etc/alias :

error: localadmin
bounce: postmaster
2bounce: postmaster
delay: alert0@example.com

/!\ Attention, pour un serveur recevant pas mal de messages, cela peut générer pas mal de notifications. Si nécessaire, ajuster ainsi pour avoir un minimum d’alertes :

notify_classes = resource, software
error_notice_recipient = error

Plomberie

Postfix est découpé en plusieurs processus (qmgr, pickup, smtp, smtpd, bounce, cleanup, error, etc.) contrôlé par un processus nommé master. Chaque processus est défini dans le fichier de configuration master.cf.

Sur un serveur inactif, vous verrez au minimum les processus suivants :

  |-master,432636 -l -t unix -u
  |   |-qmgr,5036 -l -t unix -u-u -c
  |   `-pickup,9162 -l -t unix -u -c

Sur un serveur actif, vous verrez de nombreux processus, par exemple :

  |-master,2576
  |   |-scache,13334 -l -t unix -u
  |   |-qmgr,22888 -l -t fifo -u
  |   |-anvil,22891 -l -t unix -u
  |   |-smtp,25261 -t unix -u
  |   |-smtp,26204 -t unix -u
  |   |-trivial-rewrite,26596 -n rewrite -t unix -u
  |   |-smtp,26629 -t unix -u
  |   |-pickup,27010 -l -t fifo -u
  |   |-smtp,27102 -t unix -u
  |   |-smtp,27976 -t unix -u
  |   |-proxymap,28383 -t unix -u
  |   |-smtp,29967 -t unix -u
  |   |-smtp,29968 -t unix -u
  |   |-smtp,29969 -t unix -u
  |   |-bounce,29970 -z -t unix -u
  |   |-bounce,30351 -z -n defer -t unix -u
  |   |-bounce,30352 -z -n defer -t unix -u
  |   |-bounce,30354 -z -n defer -t unix -u
  |   |-bounce,30355 -z -n defer -t unix -u
  |   |-cleanup,30364 -z -t unix -u
  |   |-cleanup,30365 -z -t unix -u
  |   |-smtpd,30366 -n smtp -t inet -u -o stress= -s 2
  |   |-error,30367 -n retry -t unix -u
  |   |-error,30368 -n retry -t unix -u
  |   |-error,30369 -n retry -t unix -u
  |   `-smtpd,30374 -n smtp -t inet -u -o stress= -s 2

Voici un schéma qui illustre la communication entre les processus/files d’attente/tables :

Architecture de Postfix

  • Le processus bounce gère les messages de non-livraison qui sont stockés dans les répertoires /var/spool/postfix/bounce/*, /var/spool/postfix/defer/* ou encore /var/spool/postfix/trace/* selon les types de message.

Changer les templates de bounce

Par exemple pour mettre un message personnalisé (et en Français) des DSN du type « successful delivery ».

Installer le paquet postfix-doc, copier le fichier bounce.cf.default dans /etc/postfix/bounce.cf, éditer le fichier comme voulu et ajouter la directive bounce_template_file = /etc/postfix/bounce.cf à postfix.

# apt install postfix-doc
# install -m 644 /usr/share/doc/postfix-doc/examples/bounce.cf.default /etc/postfix/bounce.cf
# vim /etc/postfix/bounce.cf
# echo "bounce_template_file = /etc/postfix/bounce.cf" >> /etc/postfix/main.cf
# systemctl reload postfix

Monitoring

La surveillance régulière des fichiers de journalisation ainsi que des files d’attente s’avère nécessaire, éventuellement à l’aide d’outils permettant de générer des statistiques, des courbes, etc. On peut ainsi citer l’outil mailgraph qui trace des courbes rrdtool à partir du fichier de journalisation, ou encore Munin qui trace des courbes selon l’état des files d’attente.

mailgraph

# apt install mailgraph

mailgraph fait tourner un démon Perl qui analyse /var/log/mail.log, on peut ensuite visualiser des courbes RRDtool via un script CGI /usr/lib/cgi-bin/mailgraph.cgi.

Pour diverses raisons, si l’on ne veut pas avoir de module CGI on pourra utiliser un script Shell à placer en crontab :

#!/bin/sh
MAILGRAPH_PATH=/usr/lib/cgi-bin/mailgraph.cgi # Debian
MAILGRAPH_DIR=/var/www/mailgraph
umask 022
mkdir -p $MAILGRAPH_DIR
$MAILGRAPH_PATH | sed '1,2d ; s/mailgraph.cgi?//' > $MAILGRAPH_DIR/index.html
for i in 0-n 0-e 1-n 1-e 2-n 2-e 3-n 3-e; do
        QUERY_STRING=$i $MAILGRAPH_PATH | sed '1,3d' > $MAILGRAPH_DIR/$i
done

Munin

Par défaut, on trouve des plugins intéressants, notamment postfix_mailqueue pour l’évolution des files d’attente. Pour activer les plugins Postfix pour Munin :

# cd /etc/munin/plugins
# ln -s /usr/share/munin/plugins/postfix_mailqueue
# ln -s /usr/share/munin/plugins/postfix_mailstats
# ln -s /usr/share/munin/plugins/postfix_mailvolume

Nagios

Voici des checks standards pour vérifier que Postfix répond en SMTP et surveiller sa file d’attente :

$ /usr/lib/nagios/plugins/check_smtp -H localhost
$ /usr/lib/nagios/plugins/check_mailq -M postfix -w 42 -c 1337

log2mail

Pour être alerté en cas d’erreurs graves, voici une config pour log2mail :

file = /var/log/mail.log
  pattern = "fatal:"
  mailto = alert@example.com

  pattern = "panic:"
  mailto = alert@example.com

  pattern = "No such file or directory"
  mailto = alert@example.com

  pattern = "table lookup problem"
  mailto = alert@example.com

  pattern = "warning: connect to Milter service"
  mailto = alert@example.com

  pattern = "451 4.7.1 Service unavailable - try again later"
  mailto = alert@example.com

pflogsumm

C’est un petit outil pour afficher des stats sur les logs mails. Plutôt pratique, il évite de « grepper » à la main mail.log.

pflogsumm /var/log/mail.log [/var/log/mail.log.1 [...]] >> stats_mail.out

Délivrabilité

La délivrabilité est un concept visant à s’assurer qu’un email envoyé va bien atteindre son destinataire.

Voici un check-up pour s’assurer d’avoir une bonne délivrabilité :

SPF

SPF est une norme pour vérifier l’adresse IP expéditrice d’un email. La vérification se fait en utilisant le nom de domaine de l’expéditeur d’enveloppe et en récupérant un enregistrement DNS qui va lister les adresses IP autorisées.

Voici un exemple d’enregistrement DNS autorisant des adresses IP pour une adresse en @example.com

@ IN TXT "v=spf1 a mx ptr ip4:192.0.2.142 ip4:192.0.2.0/24 ip6:2001:db8::/32 ~all"

Voici un exemple d’enregistrement DNS autorisant l’envoi de n’importe où :

@ IN TXT "v=spf1 a mx ptr +all"

On peut utiliser un include: vers un autre enregistrement TXT, pratique pour la gestion ou éviter d’avoir des enregistrements TXT dépassant 255 caractères. Voici un exemple, les deux chaines de caractères seront concaténées donc il ne faut pas oublier qu’au moins une des deux chaine doit contenir une espace libre :

@ IN TXT "v=spf1 a mx ptr ip4:192.0.2.142 ip4:192.0.2.0/24" " ip6:2001:db8::/32 ~all"

Chez Evolix, on utilise ainsi include:spf.protection.evolix.net. Si vous utilisez Mailchimp vous devez ajouter include:spf.mandrillapp.com par exemple.

Vérification SPF

Pour vérifier les enregistrements SPF des emails :

# apt install postfix-policyd-spf-python
# cp /usr/share/doc/postfix-policyd-spf-python/policyd-spf.conf.commented /etc/postfix-policyd-spf-python/policyd-spf.conf

On ajoutera dans /etc/postfix/master.cf :

policyd-spf  unix  -       n       n       -       0       spawn
            user=policyd-spf argv=/usr/bin/policyd-spf

et /etc/postfix/main.cf :

smtpd_recipient_restrictions =
            ...
            reject_unauth_destination
            check_policy_service unix:private/policyd-spf
            ...
policyd-spf_time_limit = 3600

Voici les paramètres intéressants pour /etc/postfix-policyd-spf-python/policyd-spf.conf :

defaultSeedOnly = 0 # Mode simulation, aucun rejet, seulement la description de l'action dans les logs.
Mail_From_reject = Fail # Rejete les mails si le check SPF échoue.
Mail_From_reject = Softfail # Rejete les mails si le check SPF échoue même en « soft » (utilisation de ~all par exemple), non recommandé.
Reject_Not_Pass_Domains = aol.com,hotmail.com # Transoforme un ~all en -all pour des domaines en particuliers.

Cela ajoutera l’entête suivant aux emails :

Received-SPF: Pass (mailfrom) identity=mailfrom; client-ip=192.0.2.1; helo=mail.example.com; envelope-from=jdoe@example.com; receiver=<UNKNOWN>

Cet entête pourra notamment être utilisé par des filtres, SpamAssassin, etc.

Note : attention, pour les emails locaux, cela n’ajoutera pas l’entête Received-SPF ce qui peut poser des soucis avec les outils s’appuyant dessus, notamment SpamAssassin ou OpenDMARC.

Utilitaire spfquery

Pour vérifier manuellement un enregistremnt SPF vous pouvez utiliser spfquery fourni par le paquet du même nom. La commande necessite 3 arguments et s’utilise comme suit :

$ spfquery -ip=31.170.8.17 -sender=example@evolix.fr -helo=evolix.fr
pass

spfquery: domain of evolix.fr designates 31.170.8.17 as permitted sender
Received-SPF: pass (spfquery: domain of evolix.fr designates 31.170.8.17 as permitted sender) client-ip=31.170.8.17; envelope-from=example@evolix.fr; helo=evolix.fr;

Utilisaire spf

L’utilitaire spf permet aussi d’avoir une vision synthétique sur la configuration SPF d’un domaine. Écrit en Perl il est facile à installer et fonctionne presque partout.

$ spf netmeister.org
netmeister.org:
  policy:
    a -all

  valid

  pass:
    a (1 name):
      netmeister.org

    a (2 IPs):
      166.84.7.99
      2001:470:30:84:e276:63ff:fe72:3900

  All others: fail

SPF record for domain 'netmeister.org': valid

Total counts:
  Total number of DNS lookups     : 1

  pass:
    Total # of a directives       : 1
    Total # of ip4 addresses      : 1
    Total # of ip6 addresses      : 1

All others: fail

DKIM

DKIM est une norme pour ajouter une signature cryptographique dans les entêtes d’un email envoyé. La signature se fait à partir à de l’expéditeur d’entête (From: d’un email), des entêtes au choix (sujet, date, etc.) et le corps du message. Cela utilise aussi une clé publique stockée dans un enregistrement DNS TXT.

Voir https://wiki.evolix.org/HowtoOpenDKIM

DMARC

DMARC est une spécification qui vient en complément de DKIM et SPF. Cela permet de spécifier aux serveurs de messagerie comment traiter les emails reçus non conformes aux vérifications SPF et/ou DKIM. Cela permet également de récupérer des informations voire des emails complets si ils ne sont pas conformes. Encore une fois, cela se fait avec un enregistrement DNS TXT.

Voici un exemple d’enregistrement DNS basique :

_dmarc IN TXT "v=DMARC1; p=none; rua=mailto:dmarc@example.com"

On pourra spécifier : * p=none si l’on ne veut pas que les emails non conformes soient rejetés * p=reject si l’on veut que les emails non conformes soient rejetés * p=quarantine si l’on veut que les emails non conformes soient mis de côté (dans une sous-boîte Spam en général)

Attention, si vous spécifiez rua=mailto:dmarc@example.com vous recevrez pas mal de rapports Report domain de Google, Outlook, etc. vous notifiant des emails non conformes. Les rapports incluent un fichier XML, on peut le lire via des outils comme mxtoolbox ou easydmarc.

Voici un exemple d’un enregistrement DNS plus avancé :

_dmarc IN TXT "v=DMARC1;p=reject;rua=mailto:dmarc+aggr@example.com;ruf=mailto:dmarc+forensic@example.com;fo=1;adkim=r;aspf=r;sp=none;pct=100"

Vérification DMARC

Pour vérifier la politique DMARC des emails :

# apt install opendmarc
# systemctl enable opendmarc
# systemctl start opendmarc

On configure via /etc/opendmarc.conf :

AuthservID mail.example.com
PidFile /var/run/opendmarc/opendmarc.pid
PublicSuffixList /usr/share/publicsuffix
Socket inet:8892@localhost
#Socket local:/var/run/opendmarc/opendmarc.sock
Syslog true
UMask 0002
UserID opendmarc
IgnoreHosts /etc/opendmarc/ignore.hosts

OpenDMARC s’appuie sur l’entête Received-SPF, il faut donc avoir installé la vérification DKIM.

Et il faut ajouter un fichier /etc/opendmarc/ignore.hosts pour ignorer les emails locaux :

127.0.0.0/8
::1/128
localhost
localhost.localdomain
192.168.0.0/16
192.0.2.0/24

Et l’on ajoute un milter :

non_smtpd_milters = inet:127.0.0.1:8892
smtpd_milters     = inet:127.0.0.1:8892
in_flow_delay = 0s

Cela ajoutera les entêtes suivants aux emails :

Authentication-Results: mail.smsmode.com; dmarc=pass (p=none dis=none) header.from=...
Authentication-Results: mail.smsmode.com; dkim=pass ...

Cet entête pourra notamment être utilisé par des filtres, SpamAssassin, etc.

Contacts des principaux fournisseurs d’email

En cas de souci de délivrabilité vers un domaine particulier, on est amené à contacter son responsable. En théorie l’adresse email postmaster@ permet cela.

En pratique pour les principaux fournisseurs d’emails, voici comment les contacter :

Postcreen

Postscreen est un démon léger destiné à faire des tests préliminaires avant de passer un message entrant à Postfix… ou de le rejeter !

Voir https://wiki.evolix.org/HowtoMail/Antispam#postscreen

FAQ

Récupérer expéditeur et destinataire dans mail.log

Pour récupérer à la fois l’adresse expéditeur et destinataire dans les logs :

# grep "blocked using FBLW15" /var/log/mail.log | cut -d " " -f 6 | tr -d ':' \
   | while read msgid; do grep $msgid /var/log/mail.log |grep " postfix/" \
   | grep -E '(from|to)=<'|awk -F ' ' '{ print $1,$2,$3,$7 }' |tr -d ','; echo; done

Taille maximum d’un message

Par défaut, la taille d’un message est limitée à 10 Mo, cela se modifie avec le paramètre message_size_limit.

Attention, lorsqu’une pièce jointe est dans un format binaire (exemples : JPG, PDF, etc.), les emails sont traduits en caractères texte (conversion uuencode) ce qui provoque une augmentation de la taille jusqu’à 40%.

Voici par exemple le paramètre que l’on conseille de mettre si l’on veut autoriser les messages jusqu’à 20 Mo :

message_size_limit = 25600000

Attention, la taille par défaut de la mailbox est de 50 Mo (mailbox_size_limit = 51200000). Si vous définissez message_size_limit > mailbox_size_limit (sauf si la taille est illimitée avec mailbox_size_limit = 0), Postfix bloquera les mails dans la queue (avec un *).

SMTPUTF8

SMTPUTF8 est une extension pour support l’UTF8 dans les entêtes de messages.

En effet, de façon standard tous les entêtes de messages doivent avoir un encoding spécial pour les caratères non ASCII.

Il peut arriver que cela pose des problèmes, notamment avec des clients SMTP qui gèrent mal cet encoding.

À partir de Debian 9, on peut alors activer l’option smtputf8_enable = yes dans Postfix.

Et Postfix annoncera qu’il supporte cette extension :

$ nc 127.0.0.1 25
220 smtp.example.com ESMTP mail server
EHLO foo.bar
250-smtp.example.com
250-PIPELINING
250-SIZE 51200000
250-VRFY
250-ETRN
250-STARTTLS
250-ENHANCEDSTATUSCODES
250-8BITMIME
250-DSN
250 SMTPUTF8

Pour plus de détails, lire http://www.postfix.org/SMTPUTF8_README.html

Relai vers Mailjet selon l’expéditeur

Voir leur documentation : https://fr.mailjet.com/docs/code/postfix

.forward

Voir aussi : /HowtoMail/Roundcube#plugin-vacation

De façon similaire aux fichiers .htaccess pour Apache, un utilisateur UNIX peut créer un fichier .forward à la racine de son home-directory pour faire passer tous ses emails reçus dans une moulinette : renvoi automatique vers une autre adresse, traitement via Procmail, envoi d’un message d’absence, etc. Attention, cela ne fonctionne que pour Postfix en mode local, cela ne fonctionne pas en mode virtual.

Pour ré-envoyer tous les emails vers une autre adresse jdoe@example.com on mettra simplement :

$ cat ~/.forward

jdoe@example.com

Pour envoyer tous les emails vers une autre adresse MAIS garder une copie sur sa boîte foo :

$ whoami
foo 
$ cat ~/.forward

\foo,jdoe@example.com

Pour faire traiter tous ses emails reçus par le logiciel Procmail :

$ cat ~/.forward

"| IFS=' ' && exec /usr/bin/procmail -f- || exit 75"

Pour envoyer un message d’absence en gardant une copie sur sa boîte foo :

$ cat ~/.forward

\foo,"|/usr/bin/vacation foo"

vacation

Voir aussi : /HowtoMail/Roundcube#plugin-vacation

# apt install vacation

Le programme vacation permet d’envoyer des messages d’absence SANS renvoyer des messages aux adresses déjà prévenues et SANS envoyer de message d’absence quand le mail reçu est une copie cachée.

ATTENTION : vacation n’envoie PAS de message d’absence si la destination n’est pas le compte UNIX. Par exemple si l’on a un compte jdoe et que l’on reçoit un email sur john.doe@example.com aucun message d’absence ne sera renvoyé. Il faut alors préciser un alias avec l’option -a :

/usr/bin/vacation -a john.doe -a jdoe

Le message d’absence en lui-même se trouve dans ~/.vacation.msg, on conseille notamment de préciser le Content-Type et d’éviter les accents dans le sujet :

$ cat ~/.vacation.msg

From: John Doe <john.doe@example.com>
Subject: John Doe / Example - Absence
Content-Type: text/plain; charset=UTF-8

Je suis en congé parental, veuillez joindre mon collègue.

On peut lister les adresses qui ont reçu un message d’absence ainsi :

$ vacation -l